Noël, Fête de la Lumière et solstice d'hiver : le cadeau de l'Ombre.
Les ouvrages dédiés au développement personnel et spirituel font souvent référence au terme d’évolution qui, par définition, sous-entend un cheminement allant d’un point A à un point B, ce dernier étant qualitativement ou quantitativement supérieur au point A.
Cette conception induit cependant deux conséquences.
La première étant de se juger soi-même par rapport au moment où l’on était en A ou en B. Et quand on se juge, on n’est pas dans l’accueil ou l’amour de soi.
La seconde étant que l’on peut juger les autres par rapport à là où ils en seraient dans leur évolution, avec tous les comportements discriminatoires que cela pourraient impliquer sur le côté.
Et blesser l’autre, c’est aussi - et surtout - se blesser soi.
A mes yeux, il n’y a pas d’évolution qui tienne : mais juste des expériences que chacun a - pour des raisons qui sont les siennes et selon un plan qui lui appartient - décidé de vivre, ou pas.
Mon expérience m’a montré qu’il faut parfois - qu’on le décide de manière consciente ou inconsciente - s’égarer, perdre tous ses repères et ses ressources, sortir de ce qui avait été tracé par d’autres pour moi, quitter ce que j’avais espéré pour moi-même, renoncer… en vue de trouver, tout à coup, de façon quasiment inattendue, une voie nouvelle bien plus en accord avec moi-même que tout ce dont j’aurais pu rêver auparavant.
Mon expérience m’a également montré que le deuil d’une partie de soi, d’une relation, d’une position, etc. - si l’on peut à un moment lâcher-prise - permet de faire la place à quelque chose d’inconnu, de nouveau… mais aussi de tellement plus juste.
Lâcher prise : c’est accueillir ce que l’égo ne voulait pas ce qu’il se produise ou qu’il ne se produise pas ce que l’égo voulait qu’il arrive.
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Il n’y a donc pas d’évolution.
Il est simplement question d’oser se laisser mourir : mourrir à des comportements, des rêves, des fidélités, des relations, etc. qui, à un moment donné, ne sont plus justes et pour qu’ainsi la Vie s’épanche à nouveau.
Vivre pleinement : c’est mourir à ce qui me fait mourir.
Mais qui est prêt à mourir?
Sinon celui qui veut vivre.
Au terme d’évolution, je préfère donc de loin ceux de cheminement ou de parcours qui permettent d’éviter toute forme de jugement. Car nous sommes parfois très forts et très prompts à déclarer que ceci est bien ou que ceci est mal.
Dans le domaine du spirituel [parlant de spirituel, je n’exclus donc pas la justice des Hommes] : bien et mal n’existent cependant pas.
A cette vision duale, s’oppose le concept de causalité.
La causalité définit la relation constante et nécessaire entre deux phénomènes.
Partant de cela : le bien est nécessaire au mal, tout comme le mal est nécessaire au bien : ni l’autre ni l’autre n’est bien, ni l’un ni l’autre n’est mal : tous deux sont utiles et nécessaires l’un à l’autre.
Pour illustrer cette vision, je te propose de prendre l’exemple d’un bougie.
Si je place une bougie en plein air sous le soleil de midi par un beau jour d’été : il y a peu de chance que quiconque la remarque.
Par contre, placée au fond d’un tunnel sombre : il sera impossible de ne pas la voir.
En pleine lumière, une lumière de plus ne se voit pas.
Au contraire, pour se rendre visible : la lumière a besoin de l’ombre.
L’obscurité est utile et nécessaire à la lumière pour se révéler.
De même, si nous vivions au pays des Bisounours où tout ne serait qu’amour, sérénité et joie : que saurions-nous de l’amour, de la sérénité et de la joie? Complètement immergés dans ce nuage rose, nous ne pourrions comprendre de quoi il s’agit.
C’est à travers le non-amour, la peine, la colère et le doute que l’amour prend son sens et se révèle. C’est aussi là que surgit le défit le pouvoir le vivre. Et là où il y a défit : il y a opportunité d’apprentissage.
De par la loi de la causalité : ombre et lumière sont donc utiles et nécessaires l’une à l’autre pour se révéler.
De par la loi de la causalité : c’est ainsi que j’ai donc besoin de la non-lumière pour comprendre la lumière.
De par la loi de la causalité, l’ombre est donc un cadeau, une opportunité.
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Les Chinois ont particulièrement bien illustré ce principe de la causalité à travers le les principes yin (⚋) et yang (⚊) puisque l’un ne peut se définir que par l’autre.
Le yin (⚋) est ce qui s’apprête devenir yang (⚊).
Le yang (⚊) est ce qui s’apprête à devenir yin (⚋).
Contrairement à la croyance populaire, le yin et le yang ne sont pas des états figés - car tout est dans un perpétuel mouvement - mais bien des instantanés correspondant à un état de transformation porté à son paroxysme.
Rien, dans l’absolu, ne peut donc être qualifié de totalement yin ou de totalement yang car dans la cause présente, il y a déjà l’effet futur. Tout comme dans l’effet actuel, on peut encore déceler l’image de la cause passée.
Ainsi, chaque chose peut être considérée aussi bien comme la cause ou comme l’effet : par rapport au passé, elle est l’effet mais par rapport au futur, elle est la cause.
Cause et effet se succèdent indéfiniment, comme les anneaux d’une longue chaîne.
Pour reprendre l’image de l’ombre et de la lumière : quand la lumière croît, elle finit par atteindre - à un certain moment - son rayonnement maximal où tout n’est que brillance et éclat. Mais comme l’énergie est vivante et en perpétuel mouvement, la lumière, passé son cap d’expansion maximal, ne peut que décroître et engendrer de l’ombre.
L’ombre est fille de la lumière.
La lumière est fille de l’ombre.
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Si on applique à la condition humaine le principe selon lequel l’ombre engendre la lumière : cela revient à dire que derrière chacune de mes parts d’ombre, derrière chacune de mes blessures et imperfections se cache en fait un cadeau (lumière) qui prendra souvent la forme d’un don.
A ce sujet, Carl Gustav Jung, père de la psychologie de profondeurs avait résumé le fait en une citation merveilleuse : ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.
C’est en accueillant mon imperfection, mes blessures, ma part d’ombre qu’il m’est possible de trouver ma vraie lumière intérieure.
C’est dans cette forme d’humilité, dans la reconnaissance de mes limites, dans le renoncement (mourir à) à ma toute puissance et dans le dialogue bienveillant avec moi-même que je peux trouver la paix intérieure, et, par extension avec le reste du monde.
C’est alors, et alors seulement, que je peux me donner, non plus en cherchant à briller, à être reconnu, félicité pour me donner ce sentiment de vie, mais cette fois dans la gratuité et l’altérité.
Pour qui peut l’accueillir, l’ombre est une porte vers la lumière.
L’inverse - la lumière engendre l’ombre - ne doit cependant pas être perdu de vue non plus. En effet, une grâce obtenue peut engendrer un trop plein d’assurance qui mènera à la toute puissance et au retour de l’égo.
Au coeur de la Nuit la plus sombre de l’année (solstice 21/12), je souhaite te souhaite de tout coeur une belle Fête de la Lumière.
Que l’Hiver soit le terreau de ta renaissance.
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