Naples - Juillet 2019

Naples ne faisait pas partie de ma liste des lieux à voir absolument.
C'est par un heureux concours de circonstances que mon mari, qui passait une semaine avec sa famille en Pouilles, m'a invité à l'y rejoindre 4 jours au début de l'été, avant de revenir ensemble chez nous à Bruxelles.

Naples - fondation grecque - n'est pas l'Italie.
Naples est une ville hors-norme. Construite sur un sol volcanique, son sous-sol est un gruyère où les habitants ont creusé pour enfouir citernes, métro, cimetières ou cultures de basilic. Rebelle, la ville ne se laisse pas enfermer dans une définition où elle serait forcément à l’étroit. Elle ne saurait donc pas se limiter à ses incontournables.
Envoûtante et fascinante, elle l’est toute entière.

Le caractère bien trempé du Napolitain, exalté par une religiosité saupoudrée de superstition, renforce cette singularité de Naples.
Dans une ville de venelles, d’escaliers et de souterrains, où les palais témoignant de dynasties royales depuis longtemps fanées et oubliées côtoient d'improbables vestiges fascistes, les sentiers n’ont de cesse d’être re-dessinés : battus ou non, peu importe.
Ville à la fois millénaire, sombre, secrète, bruyante et spontanée ; le chaos devient sublime. Pour mieux explorer son âme kaléidoscopique et plurielle.

Les annonces mortuaires sur des affiches placardées dans le quartier n'est pas une coutume propre à Naples, mais elle m'a toujours fascinée.
Loin d'être recluse dans le cercle des intimes du défunt : la mort s'annonce, la mort s'affiche.
Elle se dit comme on claironne une naissance.
C'est sûr qu'il y aura du monde au banquet.
C'est sûr qu'on n'aura oublié personne.
C'est sûr qu'on saura y faire le tri entre les amis et les ennemis, entre les rancoeurs toujours tenaces et les pardons accordés.
C'est sûr que ça va jaser à l'enterrement.
Peut-être que l'un ou l'autre finira par se raccommoder avec son vieil ennemi?
Car si la mort brise les liens matériels avec le défunts, elle [re-]créée aussi un lien entre les vivants.
C'est ainsi que la mort se fait sociale dans cette partie de l'Italie.
C'est ainsi qu'elle s'invite à la vie.

Un migrant, du nom de Eze Chidi, 26.02.1973 - 21.01.2009, né au Nigéria et retrouvé sans vie dans une embarcation alors qu'il tentait de rejoindre l'Europe a lui aussi droit à son affiche.
Le geste délicat d'une belle âme vis-à-vis d'un sans-papier.
Sous le grafitti d'un prête percé de deux flèches, comme un Saint-Sébastien.

Si le séjour a été riche en découvertes et en sensations, il a aussi été un nouveau voyage en amoureux.
Avec ce toi, sensuel et spirituel à la fois, qui me donne l'occasion, dans le cadre chaleureux et bienveillant de ton amour, de partir à la découverte des mes parts les plus intimes.